Claude Lienhard
Avocat spécialisé en droit du dommage corporel,
Professeur Émérite à l’Université Haute-Alsace,
Directeur honoraire du CERDACC
Partout la parole de victimes s’expose et se diffuse.
Ici dans l’enceinte de la Cour d’assises spéciale de Paris largement relayées par des médias, pour une fois avec pudeur et respect,
Là dans le rapport de CIASE (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église),
Encore, lors les premières auditions de la commission sur l’inceste.
Paroles fortes imprégnées de douleur, parfois de justes et légitimes colères, toujours dignes et denses. Il faut écouter l’irréparable mis en mots, gestes, regards, silences et larmes.
Notre humanité ne peut en sortir indemne.
Cette parole est avant tout une épreuve commune.
Elle signe le temps d’un avant et d’un après.
Ce qui fait lien entre toutes les victimes, ce sont les traumatismes, les vies détruites, et les besoins des victimes au-delà et deçà du temps et du territoire de la Justice.
Notre société si fracturée, si divisée a le devoir impératif non négociable, après l’émotion partagée et relayée de faire face, d’aider et d’abonder à la résilience.
Prenons garde à ne pas nous arrêter en chemin. La réparation est un art qui exige persévérance, finesse, loyauté, souplesse et inventivité. Elle se doit d’être à la fois symbolique, effective et tangible. Des paroles et des actes. Des actes et des paroles.
La Justice rendue et la honte assumée doivent être au rendez-vous.
Mais aussi la bientraitance dans la durée, la reconnaissance sincère des institutions défaillantes, la prévention car tout ce mal ne disparaitra pas du seul fait d’être dénoncé et sanctionné lorsque cela est encore possible.
Écouter et entendre les victimes, toujours et encore, nous est indispensable.